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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 08:31

 

Elles sont rien moches, les photos qui vont suivre, mais je les ai promises à mes amies timbrées du swapcarpostalesque. Faut dire que le les ai un peu négligées, lesdites amies, pour me consacrer exclusivement à ma petite personne. J'ai toujours été égocentrique et ce n'est pas à l'approche de mes soixante dix ans que je vais y changer quelquechose.

Quelle est l'origine de ces moches photos ? Cela mérite peut-être quelques explications que je me fais une joie de vous exposer, au risque d'être un peu long et filandreux.

Il est arrivé un moment où de charmantes doctoresses, séductrices qui pourraient être mes filles, ont décidé de me parler franchement, entre quatre-z-yeux comme on dit. La perspective de ces tête à tête ne pouvait que séduire le vieux satyre. Je n'ai pas été déçu du voyage !

« Monsieur Lambert, asseyez vous.

- Oui Docteur (in petto : Ah ! qu'elle est belle.)

Ça ne peut pas continuer comme ça.

- Quoi donc, Docteur ? (Mon Dieu, aurait elle deviné mes pensées libidineuses ?)

- Quand je vois l'état de votre coeur, je pense que vous allez mourir.

-  En effet, n'est-ce pas le destin de chacun ? (Ouf ! elle ne m'a pas percé à jour, j'en serais mort de honte !)

On doit pouvoir différer la date. Je ne suis pas sûre que vous ayez sufisamment de place dans votre agenda des trois prochains mois.

- Docteur, vous vous  moquez, vous savez bien que, retraité, je m'emmerde comme un rat mort devant les pages de mon agenda qui évoquent les neiges d'Alaska au mois de février.

- Monsieur Lambert, ne plaisantez pas, je n'ai pas envie de vous perdre.

(Ce n'est pas possible, j'ai mal entendu, elle ne peut pas partager mes  sentiments, même si l'on a déjà vu des faits aussi surprenants dans la littérature de bas étage)

- Je vois que vous restez muet, de toute façon vous n'avez rien à dire. Je vous envoie près de chez vous à la clinique cardiologique. Là une collègue à moi qui vous séduira plus que je ne peux le faire (Ça ce n'est pas possible) saura prendre la bonne décision.

- Même pas mal ! » trouvai-je la force de murmurer

Les femmes m'ont toujours mené par le bout du nez. Cela doit tenir au fait que ma mère était une femme autoritaire. Toujours est-il que la belle cardiologue me tint des propos très proches de la conversation précédente, balayant d'un revers de sa main gracieuse la présomption d'impossibilité évoquée naguère et m'envoya sans autre forme de procès à la Clinique Ambroise Paré de Neuilly sur Seine pour que soit pratiqué sur mon corps même pas douloureux un quadruple pontage coronarien. A la suite de celui-ci, les forces me revenant peu à peu, je commençai vite à tourner en rond comme un ours en cage, à m'ennuyer et à chercher que faire pour que passe le temps.

Le premier résultat de cette quête fut de découvrir que, si je ne voyais plus de cardiologues susceptibles d'augmenter mon taux de testostérone, j'étais entouré d'infirmières, la plupart en âge d'être mes petites filles, aux petits soins pour le vieux dégueulasse que je suis. Ah ! on peut dire que je me suis laissé cajoler, soigner, couvrir d'attentions affectueuses, et j'aimais ça, pervers que je suis. 

 Il a fallu me rendre à l'évidence : ces charmantes enfants avaient à s'occuper d'autres patients.  L'idée m'est même venue, provoquant un noeud douloureux à l'estomac, que certains pouvaient être plus séduisants que moi... 

God damned ! j'allais donc être chassé du Valhalla à peine en avais-je atteint le rivage. Définitivement je devais reconnaitre que ma vie n'était qu'une succession d'échecs, d'humiliations, de renoncements et qu'il était enfin temps de me prendre en charge sans plus rien attendre de petites filles qui, d'évidence, avaient autant de considération pour moi que pour le mobilier qui m'accueillait.

Je décidai donc de prendre mon bâton de pèlerin (même pas vrai, j'ai toujours marché sans canne, on a sa dignité !) pour partir à la découverte de l'immeuble m'abritant. On me tient pour  un meuble, je vais m'intéresser à l'immeuble.

Le chauffeur de taxi  craignait d'être en retard à son rendez-vous suivant et il me laissa pénétrer seul dans le hall d'accueil. Impressionnant ! la forme et les dimensions de cet espace évoquèrent pour moi les décors de Metropolis 
(Fritz Lang). Cette première impression se trouva confortée par de nombreux passages dans les salles d'examen et de consultation du sous-sol, chacune décorée de plafonds présentant un curieuse verrière colorée très Art Nouveau, ou Modern Style, caractéristiques du début du siècle dernier.

Je revins dans ce hall, plus détendu que la première fois, alors que j'attendais qu'on m'appelle pour admission et je découvris qu' à l'extrémité étaient exposées des reproductions de cartes postales évoquant les origines de la clinique.

Cartes postales ces deux petits mots familiers résonnèrent comme un signal dans mon cerveau encore embrumé suite à l'anesthésie
générale. Voilà qui pourrait intéresser une, voire deux personnes de connaissance...  Il me fallait absolument retrouver mon appareil photo afin de capturer des images et les partager avec une, voire deux amies qui ont manifesté de la compassion en apprenant mon hospitalisation.

La clinique a été construite à l'emplacement d'un hôtel particulier qui avait déjà fonction d'accueillir et de soigner : Villa Leona, institution de Mme Yeatman et  Mlle Eastern. De l'ancienne propriété demeurent deux pièces au rez-de-chaussée, reconnaissables à leurs portes monumentales et sculptées ainsi qu'une façade majestueuse ornée de faïences vernissées très attrayantes. Un peu plus loin, un bâtiment annexe, écuries peut-être, communs assurément abrite différents services dont le restaurant.

 

 

 

 

Les Communs

On savait rire en ce temps là


le voisinage : Fête à Neuneu


Confort assuré


Les mignons matous avaient déjà la cote.

 

 

Vous devinez que ces découvertes m'ont transporté d'aise et qu'elles ont contribué à favoriser l'action des soins qui me sont prodigués. Je situe au même plan les fous rires déclenchés par la lecture de L'Assassin qui rêvait d'ue place au paradis de Jonas Jonasson, m'obligeant à me tenir la poitrine comme si je toussais, provoquant des regards amusés, surpris, parfois choqués de mes voisins de salle d'attente. Ah ! je suis convaincu que ces rires ont contribué à mon rétablissement.

 


Vu de la fenêtre à Ambroise Paré

 

Puisque le rétablissement était en bonne voie, la décision fut prise par l'équipe médicale de sortir vers Evecquemont pour entamer une réadaptation efficace, consolider les résultats et, ce n'est pas neutre, me rapprocher de ma famille facilitant les visites. Du jour au lendemain, mon horizon changeait, ouvrant ses perspectives à mon nouveau bien être.

 


Vue de la fenêtre à Evecquemont

Demain commencent les exercices physiques, les explications et la réflexion qui viendront compléter les efforts de dérision que j'ai accompli en écrivant ce texte futile. Je suis convaincu que, face à cette maladie qui était loin d'être dérisoire, la distance que j'ai choisi de prendre fait totalement partie du processus thérapeutique.

 

Je fais le rêve insensé que les deux médecins qui m'ont tant séduit lisent ce texte foutraque, qu'elles en rient peut-être en constatant ma folie, qu'elles choisissent de se rencontrer pour rédiger une publication qui pourrait s'intituler De la dérision dans la convalescence cardio-vasculaire  et, enfin qu'elles m'en dédicacent un exemplaire.

 

Je vous l'ai dit, je suis fou !

 

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commentaires

C
Peut-être a-t-telle trouvé un autre coeur à prendre :-)
Répondre
P
le mien serait brisé ;(
C
Il est avant tout très agréable de te savoir en si bonne forme ! Je suis également persuadée que ta folie douce participe pleinement à ton rétablissement. Je connais la clinique Ambroise Paré pour y avoir passé des examens et j'ignorais sa belle histoire, merci pour la découverte.Mes meilleurs encouragements pour les exercices !
Répondre
P
je respire. mais je suis un eu triste : ma belle cardiologue me parle déjà de partir plus tôt de sa clinique. Crois-tu qu'elle a cessé de m'aimer ?

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  • : quelques conneries sans prétentions
  • : De petits délires inoffensifs, conçus à la hâte et publiés avant toute réflexion. Si vous y trouvez ne serait ce que l'ombre d'un sourire vous m'en verrez ravi et récompensé de la peine que j'ai prise. Je ne le crains pas le ridicule. J'ai parfois quelque remord, un tantinet d'autocensure pourrait parfois m'éviter une rougeur confuse, mais la vie est trop courte pour être sérieux.
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