Depuis trois semaines, un groupe de filles ,
Zette, MHF, Orfeenix, Cortisone et Lilithqui papotent au salon de ont eu une nouvelle
idée.
–« Si on se racontait nos premières fois ? On choisirait un thème le lundi et, le mercredi on
raconterait dans nos blogs des premières fois bien réelles ~ou bien alors complêtement inventées, va savoir, on est tellement malignes ! »
Eh bien, vous savez quoi, j'ai toujours rêvé de faire partie d'un groupe de filles. Que voulez vous, je n'ai eu qu'une seule sœur et six frères plus jeunes que moi. J'ai subi un manque, c'est sûr. La première semaine, elles ont choisi de parler de leur premier amour : le premier jour... J'ai mobilisé ma mémoire mais ma timidité m'a empêché de vous éblouir de premières amours merveilleuses que j'aurais inventées pour l'occasion. |
La deuxième semaine c'était le premier cinéma. On peut dire que je me fais du cinéma, et ce depuis tout petit, mais outre cette tendance à me faire mousser, je suis aussi extrèmement paresseux, et j'ai laissé passer la date fatidique du mercredi sans vous dire que j'avais vu avant 1955 Le Ballon Rouge et Crin Blanc d'Albert Lamorisse.
Cette semaine le thème est le premier boulot. Et me souvenir de ça me fait mesurer comme les temps ont changé ! Il faut dire qu'il ne date pas d'hier mon premier boulot d'été : 1964, j'en connais deux ou trois parmi vous qui n'étaient pas nées... J'ai été embauché à la Poste de Saint Giniez, à Marseille, comme facteur remplaçant. Quand je vois les difficultés qu'ont les jeunes aujourd'hui à décrocher le moindre travail, même dans les entreprises employent leurs parents et que je me souviens de cette embauche sans que j'ai été présenté par personne, je me rends compte que nous ne vivons plus dans le même monde !
A l'époque, il y avait deux tournées du facteur par jour. Les journées étaient donc longues. Plus moyen de profiter de la plage. Quand on habite Marseille, c'est quand même rageant ! C'est là que mon souvenir de cette période me semble extraordinaire, vraiment de l'ordre du rêve. J'enviais les collègues qui travaillaient au tri et qui avaient des horaires d'équipe : 4h - 11h un jour et 15h - 22h le lendemain. J'ai dû en parler à mon "chef" qui m'a expliqué qu'il ne pouvait pas me mettre sur un poste de tri, parce que le bac était exigé pour cela (j'étais en seconde) mais qui m'a proposé de prendre un poste de manutentionnaire avec ces horaires là. Tout ça sur une durée de 4 ou 5 semaines ! Je pus donc aller me baigner à la plage de la Pointe Rouge tout en continuant de travailler. L'anecdote dont je me souviens le mieux correspond à la période où je faisais le facteur à pied. Ma tournée se situait au Roucas Blanc, un quartier central de Marseille, sur les flancs de la colline de Notre Dame de la Garde. Peu d'immeubles, mais surtout des maisons de ville. On distribuait le courrier et les journaux, bien sûr, mais aussi des mandats qui permettaient d'entrer dans ces maisons, je me souviens avoir toujours été bien reçu. Un sourire, quelquefois un petit verre ou même quelques centimes de pourboire ! la vie était belle. Un beau jour, j'ai eu un mandat de 1000 F à porter. Plus de deux fois la paye du mois ! C'etait pour une école privée dont les bureaux etaient au fond d'un parc qui m'apparût immense. J'eus l'impression de marcher dans ce parc presque autant que toute la tournée habituelle. J'ai donné les billets, ce qui me semblait être une fortune considérable et j'ai eu l'impression que cela ne représentait rien. Je suis reparti, sans doute avec un merci discret, mais sans un centime de pourboire, ressentant comme une injustice. Je me rends compte maintenant que c'était normal. La petite grand mère pas riche du tout à la quelle l'apportais une pension de quelques dizaines de francs pouvait avoir envie de me gratifier d'une pièce de 20 centimes. La secrétaire à qui je versais une somme qui me paraissait astronomique n'avait pas de budget ni aucune raison de me donner quoi que ce soit.