C'est l'hiver, il fait froid et l'on ressort les bonnets, les couvertures en polaire, les chaussettes molletonnées et on réfléchit à nos premières fois.
Zette, Mhf, Orfeenix, Joufflette, Cortisone, Hadalalibella, Julien, Chris, Petit Scarabée , Cathy, Laora Lulu et Jean-Michel se creusent la tête pour trouver un thème original pour la semaine et après quelques hésitations, nous tranchons pour évoquer notre première vacance à la neige. C'est fou comme on peut être imaginatifs, quand même !
Je vous ai déjà dit, ici ou là, que les vacances n'étaient pas le fort de la famille. Les budgets étaient bien trop serrés au quotidien pour songer à en consacrer une part aux escapades vacancières...
Pourtant, j'ai eu l'occasion une fois de goûter aux joies des pentes enneigées et je vais vous le raconter.
1960, nous arrivons à Marseille après quelque années passées à Nantes. Dans l'église où il assistait à la messe mon papa reconnait un de ses amis d'enfance qu'il n'avait pas revu depuis avant la guerre et qui, comme lui même, menait une forme de vagabondage qui leur permettait de se retrouver. Ils se retrouvent donc et découvrent comment ils ont évolué chacun de leur côté. Leur amitié renaît et leur permet à chacun, exilés qu'ils sont dans une ville qui leur paraît à tous deux exotique et un peu impénétrable, de recréer un lien social et le début d'un réseau de relation. G., l'ami de papa, a deux grandes filles, Ch. un peu plus âgée que moi et M. un peu plus jeune. Ils ont une maison au col de Larche où ils passent leurs vacances. La femme de G., L. est conseillère municipale de ce village et elle est très liée à Madame le Maire du village qui est aussi la propriétaire de l'hôtel. Je ne me souviens pas comment s'est établi le projet, toujours est il que j'ai rejoint la famille pendant les vacances de Noël. Nous avons fait le tour des connaissances pour trouver en pret un fuseau de ski, un anorak, nous sommes allé acheter des caleçons longs et je suis parti avec JP, le fils de madame le Maire, par l'autocar qui rejoignait Marseille à Barcelonnette. J'étais logé à l'hôtel. Sur place, on me trouva des chaussures et de skis et en route ! Le matin JP m'emmenait voir l'employé qui faisait fonctionner le remonte pente. Nous lui proposions d'aller boire un café et pendant ce temps qu'il s'absentait nous veillions à ce que tout se passe bien, en contrepartie de quoi nous pouvions utiliser la remontée aussi souvent que nous le voulions dans la journée, sans avoir à payer ! On m'expliquait quelques rudiments de la pratique du ski et j'essayais de descendre tant bien que mal. Je suis loin d'avoir été un champion.
Il y avait aussi, un peu plus loin sur le col un champ en pente où les jeunes du village avaient bricolé une sorte de remonte pente au ras du sol, sans portiques ni perches : un cable en cercle agrémenté d'anneaux aux quels on s'accrochait était actionné par un moteur de 2CV... Je garde de ces quelques jours le souvenir d'aventures assez extraordinaires.