3 octobre 2012
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Le mercredi finalement, on a fini un jour de jouer à la marchande et on est allé dans un vrai magasin faire de vrais achats et, bien sûr, il y a eu une
première fois. Faut vous y faire, il y a toujours une première fois, même quand on ne s'en souvient pas.
Vous l'aurez compris, cette semaine nous avons prévu de notre premier souvenir de client... C'est l'idée que nous
proposait Melina Loupia il y a déjà quelques semaines et que nous avions laissé reposer au frais dans une arrière boutique.
Elle en on n'imagine pas ce qu'elle peut provoquer comme souvenirs, cette idée là, il va falloir y mettre un peu d'ordre.
Dans ma toute
première enfance, je n'ai pas le souvenir d'aller « faire les
courses ». Il devait y avoir peu d'achats, on se contentait des produits du jardin potager et des
œufs cassés. Il n'était pas utile d'aller chez les marchands, c'est eux qui se déplaçaient. Je me souviens du boulanger qui passait deux fois par semaine, du boucher le jeudi et du
poissonnier le vendredi. Quand on allait au village, ce n'était pas pour faire des achats mais pour la messe du dimanche matin. Et sur la place de l'église, il y avait tous les commerçants :
l'épicerie buvette de Madame Chouzenou (quand on lui parlait de cailloux et de bijoux, elle retorquait qu'elle ne nous cherchait pas de poux et que nous ne devions pas faire joujou avec elle), la droguerie-bazar de Monsieur Courtois dont le fils avait
mon âge, la boucherie de Monsieur Godard et la sciure sur son carrelage. On aimait les voir mais je ne me souviens pas qu'on y ait acheté...
L'année où je suis allé à l'école du village, à la tombola de la fête de fin d'année, j'avais gagné de gros lot : un
service à dessert en faïence bleue.
A cette occasion, mes parents, considérant que j'avais de la chance, m'envoyèrent acheter un billet de la Loterie
Nationale. C'est peut-être mon premier souvenir d'acheteur, et c'est un souvenir assez humiliant : aller au kiosque des
Gueules cassées, sur un trottoir de Conches, demander à une dame inconnue un billet, subir un questionnement auquel je ne comprenais rien (Quelle tranche, quelle série ?) tout ça pour
m'entendre dire qu'elle ne pouvait pas vendre de billets à un enfant mineur... ce n'est pas un bon souvenir, et en plus le billet que papa, appelé au secours, a fini par acheter était perdant, évidemment !
Non, je préfère me souvenir d'une période un peu plus récente quand nous avions déménagé à Nantes et que nous faisions des courses comme tout le monde, quand
on habite en ville. J'allais acheter le pain, pas loin de notre maison, sur le même trottoir et je me souviens encore de la phrase, apprise comme une comptine :
« Bonjour madame,
un pain de deux livres
saucisson
bien cuit ! »
Je me souviens aussi du prix : cinquante quatre francs de l'époque, ça nous donne une idée de l'évolution des
prix...
« Merci madame ! »
Vous l'ai-je bien vendu ?